octobre 29

Louis Massicotte   Publicitaire et chef d’entreprise

C’est assez bizarre pour moi d’apprendre qu’il existe une phobie des philosophes…  C’est comme si l’on m’annonçait que personne n’aime les frites ou le chocolat.

Je dis ça comme ça parce que j’ai la certitude que les gens les plus aimés et les plus admirés sont des sages.

Le problème repose sans doute sur un malentendu, sur le vrai sens des mots.  Un tas de gens ne sait tout simplement pas ce qu’est la philo.  Ces gens y voient un mystère ou des pelleteurs de nuages.  Barbus, plutôt fainéants, compliqués, un peu malpropres peut-être, confrontants, grandes gueules et sans doute loin de la modernité et du concret.

Mais, préjugés exclus, lorsqu’on leur parle de John Lennon, de Woody Allen, d’Einstein, de Mandela, de Fred Pellerin, d’Hubert Reeves ou de même de René Lévesque, ils détectent tous un parfum de sagesse ou « un bagage de philo » chez chacun d’eux.  Ils détectent de l’humanité, de la grandeur.  Ils détectent du bonheur.

On pourrait dire la même chose de Jeanette Bertrand, Lise Payette, Piaf, Coco Chanel, Arianne Moffat ou de Xavier Dolan.   On pourrait probablement aussi le dire de plusieurs inconnus que l’on aime et qui ont toujours le bon mot pour nous guider.

Pour moi, la philo, amour de la sagesse et du savoir, est le pilier des valeurs humanistes qui s’expriment en couleurs avec discrétion et richesse.

J’ai étudié en philo sans pouvoir obtenir un diplôme par manque de moyens financiers.  Mais je n’ai jamais cessé de lire sur le sujet dans toutes ses formes.

Savez-vous pourquoi?

Parce que c’est extrêmement utile, tout simplement. Et parce que je suis curieux.

D’aussi loin que je me rappelle, la philosophie a toujours fait partie de ma vie.  Et ça ne m’a jamais exclu de l’action. Dans les faits, je pense que la philo permet de mieux intégrer l’action et de mieux réagir en cadrant nos réactions avec une perspective plus large et plus humaine, surtout dans un monde de technologies où la connaissance est maintenant accessible à tous grâce à des outils de linguistique informatique qui ont changé nos manières de penser et même le contenu de nos réflexions.

On ne perd jamais à rechercher la sagesse!  Et l’utilité d’une réflexion est toujours plus concrète dans la pratique que dans la théorie.

Je crois que les gens qui choisissent d’étudier cette discipline choisissent en quelque sorte une souffrance utile.  Ce n’est pas tout le monde qui accepte de faire des efforts de réflexions poussées et qui acceptent de remettre en question les décisions du quotidien.  Pourtant, c’est sans aucun doute le bon chemin vers le confort.  Quand on a remis plusieurs fois en question une décision et qu’on l’assume pleinement, on est certainement plus heureux.

J’ai eu la chance de créer plusieurs entreprises et de déposer des brevets d’invention.  J’ai gagné ma vie avec mes mots comme publicitaire et j’ai nourri et éduqué mes enfants chéries en vendant un slogan à la fois dans un combat d’idées où la vie aurait été tellement plus complexe si je n’avais pas eu la chance de croiser en lecture les phrases de Camus, de Descartes, de Machiavel ou de Socrate.

En fait, ils ont été véritablement pratiques et pas du tout théoriques.

C’est pour cela que la philo reste au centre de ma vie. Parce qu’elle est utile et parce qu’elle change ma vie. En mieux. Et qu’elle me permet d’être une meilleure personne. C’est tout. Mais c’est beaucoup.

Louis Massicotte
Baccalauréat en philosophie
(…Presque!)