
Lily Pol Neveu Conseillère en affaires internationales
Je me rappelle encore mon premier rendez-vous au service de placement à la fin de ma maîtrise en philosophie. En graduant, je savais que je n’enseignerais pas au cégep, un des débouchés les plus connus des études en philosophie.
J’étais atterrie en philosophie pour amener plus loin des réflexions qui me tenaient à cœur sur des enjeux de société et de justice entre les peuples. Je ne me voyais pas en spécialiste de la Grèce antique, malgré tout mon respect et mon appréciation des philosophes anciens. À chaque question posée par la personne rencontrée au service de placement, je répondais non, non, non, je n’ai pas fait ceci ou cela durant mes études en philosophie.
J’ai quitté le bureau en larmes en me demandant si ma maîtrise m’avait bien préparée au marché de l’emploi. Quelles « compétences », un mot clé sur le marché du travail aujourd’hui, avais-je gagné?
J’ai retroussé mes manches. Je n’avais jamais manqué de travail jusqu’alors et je n’avais pas l’intention de commencer. Rédaction, analyse, esprit de synthèse, recherche, culture générale, polyvalence, communication orale et écrite, voilà quelques-unes des fameuses compétences essentielles sur le marché du travail que nous apportent des études en philosophie. Comme tous ceux qui possèdent une formation en sciences sociales, il faut aussi savoir faire preuve de ténacité et de créativité pour se frayer une place. Je peux vous dire que j’ai passé beaucoup de temps à me chercher!
J’ai suivi une de mes passions qui ne m’avait jamais quittée et qui était intimement liée à mon choix d’études : les relations internationales. Je constate à tous les jours l’utilité de ma maîtrise en philosophie, que ce soit au niveau de la facilité que j’ai eue, dès mes premiers mandats, à bien cerner les problématiques des enjeux que je dois analyser ou à identifier, les principes qui sous-tendent chaque recommandation, chaque décision ou chaque avis à produire.
J’ai finalement remarqué que la perception négative des études en philosophie provenait bien plus de moi-même que de mes collègues ou de mes patrons, qui, souvent, considéraient mes études en philosophie comme fascinantes. J’ai même plusieurs collègues qui ont aussi étudié en philo.
Donc, philosophes, soyez fiers! 🙂