décembre 09

Jean – François De Rico  Avocat

C’est par élimination que je me suis inscrit en philo. Le travail à temps plein ne me semblait pas une alternative viable à l’époque. Avec le recul, ce fut un bel imprévu.

Le cursus m’a permis de constater qu’il n’y avait pas que les maths et la physique qui présentaient un degré de complexité désarmant. Mes études en philo furent l’occasion de me frotter à des textes qui se sont révélés, selon le cas, inspirants, instructifs, ennuyants, incompréhensibles ou divertissants, et la plupart du temps formateurs pour l’esprit.

J’y ai découvert l’histoire des idées, ainsi que des auteurs que je ne connaissais jusque là que de nom. J’y ai appris la rigueur, la précision et la synthèse en écriture et dans l’expression de la pensée (ceci dit, quelques auteurs étudiés ne péchaient pas par excès de clarté). Mes études de philo se sont révélées un atout significatif pour la suite de mes études et mon travail, pour développer des argumentaires, questionner des prémisses fragiles et réfuter des conclusions fallacieuses.

J’attribue aujourd’hui à ces lectures et aux cours de philosophie une certaine polyvalence, le réflexe de considérer les enjeux dans une perspective plus large et la capacité de m’approprier des cadres conceptuels dans des sphères d’activités différentes. Tous les domaines d’étude sont sans doute formateurs et bénéfiques, mais pour moi, l’étude des théories philosophiques a grandement facilité mon apprentissage du juridique.

Ça me permet aussi de relativiser des difficultés en les comparant à l’antinomie de la raison pure. Et tout ça alors que parmi notre cohorte, je me qualifiais clairement plus comme « philozouave » (emprunt à Louis Hamelin). L’étude de la philo incite aussi à faire abstraction du réel pour théoriser sur le « devrait/pourrait être », ce qui ne devrait pas être négligé.

L’approche tout comme l’admission de « philosopherie » peuvent parfois soulever la surprise ou la moquerie, une forme de philophobie sympathique, qui traduit fréquemment une méconnaissance de la philosophie comme domaine d’étude. Espérons que la campagne « Ensemble contre la philophobie » contribuera à la démystifier.

Jean-François De Rico
Baccalauréat en philosophie
Baccalauréat en droit