
Érick Beaulieu Conseiller d’orientation
En terminant mon cégep en 1990, j’ai annoncé aux gens autour de moi que j’allais étudier en philosophie. J’ai eu droit à des réactions d’étonnement, de stupéfaction, d’incrédulité ; insécurité humaine menant le monde oblige… J’étais toutefois confiant que c’était la SEULE matière qui m’avait suffisamment allumée pour poursuivre des études universitaires. Sans savoir où je me rendrais avec ça, je savais néanmoins que c’était la voie/x qui avait le plus de sens pour moi. Comparativement à mes amis qui n’en revenaient pas de voir mes parents m’appuyer, j’ai eu la grande chance d’avoir des parents qui m’ont appuyé inconditionnellement dans mon choix.
N’ayant pas choisi ces études en fonction d’une équation professionnelle, ça m’a pris au moins un an ou deux pour faire cheminer ma réflexion après mes études, virevoltant d’emploi en emploi, plutôt désorienté face à me destinée professionnelle. Durant mes études en philo, j’avais compris que je ne serais pas un théoricien, ayant besoin d’un impact humain très direct pour m’accomplir, m’épanouir. J’avais alors pensé à un rôle (inexistant à l’époque) de philosophe conseil. Je croyais que la société avait besoin d’aidant à teneur plus réflexive pour aider les personnes à faire sens de leur vie.
C’est à travers une expérience de travail en recrutement que j’ai fait la rencontre de finissants dans le domaine de l’Orientation scolaire et professionnelle (maîtrise universitaire). Mon Eurêka professionnel a subitement jailli. J’ai compris que cette passerelle me permettrait de me tailler une place cohérente avec moi-même sur le marché du travail. Aider les personnes à faire sens de leur rapport au travail devenait mon leitmotiv. On passe la majorité de notre vie éveillée à travailler. Je constatais jusqu’à quel point l’aliénation au travail semblait répandue autour de moi et je me suis dit que cette mission professionnelle m’était incontournable. J’allais devenir un « racommodeur » de sens pour mes concitoyens.
Mes études en carriérologie ou orientation ont toutefois été majoritairement décevantes. Ça été ardu de me taper les exigences de ce cursus académique (demi bac + maîtrise) pour avoir le droit de pratiquer cette profession légalement réglementée. Ma disposition philosophique ne pouvait s’empêcher de critiquer la plupart des contenus enseignés, ayant ma propre idée sur comment j’entrevoyais ma posture professionnelle. Rares ont étés les contenus de cours ou les professeurs avec qui ma vision de l’orientation concordait. J’ai donc dû prendre mon mal en patience, prenant cette formation comme un passage obligé ou un permis de travail que je me devais d’acquérir pour ensuite aller faire mon travail comme je l’entendrais ; plus comme un philosophe conseil.
D’ailleurs, lorsque mon Ordre professionnel m’achemine un questionnaire d’inspection, je mentionne avoir une approche qui ne m’a pas été enseignée dans ma formation en orientation, mais qui découle de mon bac en philo. Je suis d’approche socratique, empruntant la dialectique-maïeutique pour aider mes clients à se redécouvrir pour mieux choisir leur vie. On vient me voir pour obtenir des réponses et je procède à coups de questionnements probants pour aider à se redécouvrir pour mieux choisir. Après plus de 19 ans d’expérience dans ce domaine, je vie maintenant de ma pratique privée à temps plein.
Bref, après mes études en philosophie, j’ai suivi ma passion : aider les personnes à faire sens de leur vie académique, professionnelle ou autrement! J’ai développé une expertise qui contre l’aliénation, si répandue dans notre civilisation matérialiste qui tend à attirer notre regard à l’extérieur de soi.. Faisant bande à part de mon paradigme professionnel, malgré plusieurs tentatives de contaminer ma communauté professionnelle de la posture philosophique (critique!), je me sent souvent comme une goutte d’eau qui remonte un fleuve civilisationnel à sens unique, mais cette marginalité subversive des plus humaniste me plait. Je ne me verrais pas œuvrer autrement que pour éveiller la conscience humaine, la rendant plus proactive face à son sort. La reconnaissance du service que je rends (rétablir l’autonomie décisionnelle) à mes clients est mon ultime paye morale.
(Érick Beaulieu c.o.
www.erickbeaulieu.co)