
Jean Clermont – Drolet Infirmier
Après avoir obtenu un DEC en techniques infirmières en 1986, j’ai occupé divers emplois : centres hospitaliers, CLSC, dispensaires en régions éloignées, communautés autochtones, etc.
Mais ma plus belle expérience de travail eu lieu de 2000 à 2007, en tant qu’infirmier de milieu pour le Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte au VIH-sida à Québec (MIELS-Québec). Travaillant dans la rue, les refuges, les soupes populaires et les diverses ressources communautaires, j’avais pour tâche d’aider, d’écouter, de supporter et surtout de référer les personnes séropositives atteintes de santé mentale, toxicomanie, itinérance, ou faisant de la prostitution.
Quand on me demandait quelle était la meilleure formation pour occuper ce poste, je leur disais sans hésiter mes expériences en dispensaire et… mon bac en philosophie, obtenu en 1995.
C’est dans le concret des expériences de santé communautaire que j’ai apprécié les bienfaits d’une telle formation, alors que les problématiques abordées se présentent comme des balles de laine qu’il faut démêler lentement, avec méthode et rigueur, en distinguant tous les enjeux possibles des actions et discours.
Bien nullement doué pour les études supérieures, que j’ai dû abandonner, je suis resté avec une méthodologie qui m’a été utile dans toutes les sphères de ma vie, et tout particulièrement durant ces dernières années en tant que soutien à l’enseignement en santé communautaire.
Le bac en philosophie m’a amené à mieux écouter les autres, à discerner le vrai, l’utile et le bien, à analyser les discours pour mieux en comprendre les forces ou les failles. Ce fut alors à moi intégrer ces qualités dans la prestation des soins et l’élaboration de programmes ou de méthodes d’évaluation, pour accomplir le tout avec la tête, comme avec le cœur.
C’est bien dommage que la philosophie ait si mauvaise presse! Elle est non seulement une invitation aux possibles des idées, des opinions et des modes de vies, mais aussi et surtout un engagement à bien exprimer ses propres idées, à bien clarifier ses opinions et, ainsi, à mieux débattre des enjeux qui nous touchent tous.
En tant qu’infirmier, maintenant dans le domaine de la santé mentale, ceci touche au concret de la vie, de nos vies. Au fond, la philosophie, c’est aussi plein de vie.
Est-ce toi que j’ai rencontré en Islande en 1987? Je crois. Les Cheveux le Nord.