
François Gariépy Journaliste et animateur
J’avais 20 ans et ma vie n’avait pas de sens. Faut dire qu’une adolescence transcendée par Plastic Bertrand et Ozzy Osbourne, couronnée d’un diplôme collégial en sciences du Spring Break sans mathématiques avait de quoi faire de moi un candidat idéal pour une recherche de vérité, de rigueur, de modèles et même de phénoménologie.
Chanceux je suis, d’avoir été admis à la Faculté de philosophie de l’Université Laval au début de la décennie 90, alors que Kurt Cobain de Nirvana était le dieu vivant, puis mort, de l’époque.
Important de vous dire que le don de l’émerveillement, je l’ai toujours eu. C’est pourquoi j’insiste ici sur le plaisir d’étudier la philosophie : nul programme universitaire ne vous servira autant de vertiges, le vertige philosophique que je m’amuse à colporter et promouvoir à tous ceux qui doutent de mes fréquentations philosophiques de jeunesse.
Lire la philosophie est bon pour les jeunes hommes. (Les filles aussi!)
Vous aimez vivre ou son contraire? Frottez-vous d’abord aux obsédants présocratiques, attaquez ensuite dans la joie l’irrésistible traité de l’âme d’Aristote, la preuve ontologique de l’existence de Dieu de St-Anselme repris par Kant, l’éternel retour des choses avec Nietzsche pour valider votre moralité en passant par l’éloge au suicide de Schopenhauer et le paradoxe de Zénon d’Élée sur l’impossibilité du mouvement et vous serez une meilleure personne par la suite. D’accord, vous ne serez pas rassuré sur beaucoup de trucs dans la vie, mais vous saurez au moins que vous ne savez rien ou presque.
Concrètement, étudier la philosophie pourrait même vous faire passer votre désir refoulé de faire les auditions pour Occupation Double!
En résumé, je crois que dialoguer avec Socrate et les autres durant mes années universitaires m’aura permis d’être maintenant outillé convenablement lors de moments importants de ma vie professionnelle. Comme lors d’interviews avec le bédéiste Roba, l’acteur Roger Moore, des politiciens comme Jean Charest ou cyclistes comme David Veilleux ou Sam Hill, mais aussi lors d’improbables conversations épistémologique avec Steve-O de Jackass, sur le féminisme avec Samantha Fox et même certains principes d’esthétismes avec le policier James Murphy de Village Peoples.
Aujourd’hui, je suis journaliste, recherchiste, animateur et cycliste. J’ai notamment été publié dans Voir à Québec dans la section musique durant presque une décennie, je travaille actuellement au FM93 à Québec, j’écris dans le Huffington Post Québec et je chronique durant l’été à l’émission En Supplémentaire à Radio-Canada.
Je vous laisse avec une citation classique d’Aristote, elle me hante depuis plus de 20 ans, surtout quand le cadran sonne à 4h du matin en plein hiver pour traverser la ville par temps froid en direction d’un studio de radio.
«Qui peut le plus, peut le moins.»
Juste pour cette phrase qui me motive inlassablement, ça valait la peine d’étudier la philo.
T’as signé baccalauréat en philosophie parce que toi aussi tu es un drop out de la maîtrise? Vive les drop out! Et vive les sciences molles: ça ne donne droit à aucune bague d’ingénieur mais ça fait des blogues divertissants en tabarouette.