La philosophie, une discipline accessible

PRÉSENTATION

Dans cet article de La Presse (La Tribune), les deux auteurs affirment que la philosophie est accessible à tout le monde parce qu’elle fait inévitablement partie de nos vies. Elle ne serait donc pas, comme certains le supposent, uniquement accessible à une minorité dite intellectuelle. Ils reconnaissent toutefois qu’exercer la philosophie plus sérieusement demande certains efforts et implique une certaine souffrance qui, paradoxalement, peut engendrer du plaisir.

Est-ce vrai que tout le monde peut exercer la philosophie? Les personnes qui ont peur de la philo en ont-elles peur en raison de la « lourdeur » de certains textes, en raison de son apparente « inutilité », ou en raison des personnes qui l’apprécient? Quant aux pratiques liées à la philosophie, par exemple l’analyse et expression rationnelles d’un discours, l’esprit critique, l’évaluation des valeurs et la remises en question de ce que l’on prend pour acquis, devraient-elles être valorisées davantage, voire généralisées, ou peut-être enseignées plus tôt?

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Article

La philosophie dedans ta vie

La philo, ça sert à quoi? En mettant les pieds au cégep, bon nombre d’étudiants lancent la question à la ronde. Pour certains, ça se prolonge au-delà du diplôme. Mais la philo, ça devrait pourtant faire partie du quotidien. De la vie. Et on en parle cette semaine dans La Nouvelle.

Elle inspire la suspicion, la méfiance.

La philosophie. Un mot souvent associé aux maux de tête, à l’ennui, à l’inutilité. Si on devait lui attribuer des couleurs, ça serait le brun, le beige ou le gris.

Les philosophes, eux, sont perçus comme des étranges, desweirdos.

On les imagine le dos courbé devant des livres poussiéreux, la tête lourde, assommés par des idées abstraites, élaborant des systèmes théoriques et on se passe de commentaires sur leur col roulé et leurs lunettes trop épaisses. Évidemment, c’est aussi une affaire d’hommes, de barbus. Les femmes, c’est bien connu, ne pensent pas.

Right…

Image douteuse parce que clichée.

Surprise. On est tous philosophe, à nos heures.

Après tout, on aime se dire qu’on a «une philosophie de vie», manière de nommer ce qui guide notre existence, ce qui définit ce en quoi on croit, ce qui nous anime et balise nos actions. Ce sont souvent des expériences, des rencontres, des lectures, parfois une simple citation qui construisent ce «tas» auquel on se réfère pour s’édifier une vie à hauteur de soi. Il y a certes un peu de cela dans la très formelle discipline. Mais il y a surtout beaucoup plus.

À chaque fois qu’on est confronté au réel et que son expérience nous déstabilise, que ce soit au sujet de l’amour, la mort, le travail, le quotidien, on doit sortir de soi pour dépasser l’expérience du moment et valider son regard à l’aide de celui des autres. C’est de cette confrontation avec la vie que naît le besoin de philosopher, c’est-à-dire de réfléchir avec rigueur sur le pourquoi de kessé, d’oussé qu’on vient, oussé qu’on va, kossé qu’on fait. Et tout ce qu’on «doit» faire et être.

La philosophie est aussi une manière de vivre. On pourrait dire que l’existence est philosophique dans le sens où elle exige qu’on fasse des choix de vie qui impliquent des pratiques, des actions, des attitudes. Choix souvent difficiles parce que déterminants et engageants au quotidien. Dans le meilleur des mondes, ces choix s’accompagnent de la responsabilité de les justifier. On doit privilégier une option que si on la juge vraie.

Penser c’est, quelque part, se dé-battre avec les autres, souvent avec soi-même. Combat qui invite chacun à «baisser la garde» pour accueillir l’objection, le doute, l’incertitude, l’étonnement. C’est aussi dialoguer pour éprouver nos choix, opinions, principes. La vie de l’esprit est exigeante, car on doit se soumettre aux règles de la raison. On ne peut pas articuler le monde, enchainer des idées, démystifier des illusions, dégager le vrai du faux, évaluer l’acceptabilité des opinions, sans des critères rationnels et objectifs.

Philosopher, c’est s’armer d’outils intellectuels, savoir conceptualiser, problématiser, argumenter et approfondir, pour résister à la bêtise, aux préjugés, aux pseudo-évidences, aux discours douteux. Tout cela permet de voir plus clairement la vie et le monde.

Malgré la lourdeur de la tâche, il est possible qu’on apprécie la chose. Il y a une réelle satisfaction dans l’activité philosophique, un plaisir dans la pensée qui se déploie.

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Fa’que dedans toi, y’a un philosophe à découvrir. Enwoueye. Trouve-le.

Clin d’oeil pis toute.

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(Auteurs : Véronique Grenier et Keith Éthier-Delorme. Original : http://www.lapresse.ca/la-tribune/la-nouvelle/actualites/201312/04/01-4717643-la-philosophie-dedans-ta-vie.php)

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