Le directeur de l’ingénierie de Google et son doctorat en philosophie

PRÉSENTATION

Saviez-vous que le directeur de l’ingénierie de Google, Damon Horowitz, possède un doctorat en philosophie? Encore mieux : Saviez-vous qu’il considère l’obtention de ce diplôme comme un « rite de passage vers la maturité intellectuelle »?

En fait, chez Google, M. Horowitz ne possède pas seulement le titre de directeur de l’ingénierie : il possède aussi celui de « In-House philosopher ». Son intérêt pour l’aspect éthique des nouvelles technologies n’est pas sans conséquences chez Google, dont le slogan (non-officiel) est « don’t be evil ». Car selon Horowtiz, le mal (« evil ») ne vient pas des mauvaises intentions, mais plutôt de l’absence de réflexion. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles il enseigne la philosophie, les sciences cognitives et les sciences informatiques.

Cet article aussi la parole au président d’Irving Oil, Mike Ashar, qui possède un baccalauréat en philosophie et qui insiste plutôt sur l’intérêt pratique de ces études par rapport aux stratégies d’affaires et à leurs applications.

Lisez l’article ci-dessous et, si vous le désirez, laissez vos commentaire en bas de la page!

Pour voir Damon Horowtiz et sa vision de la philosophie, vous pouvez visionner le vidéo ci-dessous :

Article

PLACE AUX SCIENCES HUMAINES DANS L’ÉCONOMIE MONDIALE DU SAVOIR

Pour des générations de Canadiens, acquérir une formation postsecondaire en sciences humaines a été une manière viable – et importante — de se doter des atouts nécessaires pour faire une belle carrière enrichissante. Il en va de même aujourd’hui, particulièrement à l’ère de la culture et de l’économie mondiales alimentées par la technologie et l’innovation. Malgré ce que peuvent en dire certains experts, un diplôme en sciences humaines n’est pas seulement pertinent pour répondre aux exigences de l’économie mondiale du savoir du XXIe siècle, c’est essentiel.

En fait de nombreux dirigeants des domaines de la haute technologie et des affaires ont récemment reconnu le rôle important que jouent et continueront de jouer les diplômés en sciences humaines dans la réussite de leurs entreprises.

Damon Horowitz, directeur de l’ingénierie chez Google, est un ardent défenseur d’une formation en sciences humaines. Se décrivant lui-même comme « entrepreneur en série du milieu de la technologie », il y a 10 ans, il tentait désespérément de créer des systèmes d’intelligence artificielle dans une entreprise en démarrage en pleine croissance de la Silicon Valley. Pour trouver une solution à son dilemme, il quitte son emploi prestigieux bien payé et s’inscrit à l’Université Stanford où il obtient un doctorat en philosophie; une décision qu’il considère maintenant comme l’une des meilleures de sa vie. En mai 2011, lors d’un discours qu’il a prononcé à son alma mater, M. Horowitz a affirmé considérer l’obtention de son doctorat en philosophie comme « un rite de passage vers la maturité intellectuelle » qui lui a permis de comprendre la manière dont les produits qu’il contribuait à créer façonnaient la culture dans laquelle il vivait.

À ses yeux, une formation en sciences humaines est la meilleure façon d’acquérir la perspective qu’il considère essentielle pour aborder les questions d’identité et de confidentialité soulevées par les nouvelles technologies. Une formation universitaire en sciences humaines représente aussi selon lui la meilleure manière possible de faire progresser une carrière. Et son employeur semble partager cet avis.

Google a récemment annoncé que la majorité des 6 000 postes qui seront pourvus en 2012 seront occupés par des diplômés en sciences humaines ou en arts libéraux.

Plus près de nous, Mike Ashar, président d’Irving Oil, a bâti sa carrière grâce à une solide formation en arts libéraux et en affaires.

Convaincu de la valeur de la formation continue, M. Ashar est titulaire de quatre diplômes universitaires : une maîtrise en administration des affaires, un baccalauréat en génie chimique, un baccalauréat en économie et un autre en philosophie. Bien qu’au départ il se soit inscrit à ce dernier par pur plaisir intellectuel, il avoue aujourd’hui que c’est ce diplôme qui lui sert le plus régulièrement dans ses fonctions à la tête de l’une des plus grandes entreprises de l’industrie des ressources au Canada.

M. Ashar croit que pour réussir en affaires, il faut être en mesure de jauger des causes issues de multiples disciplines et des systèmes complexes, ce à quoi sa formation en sciences humaines l’a préparé. « Mes études en philosophie m’ont permis d’acquérir une pensée critique et diverses perspectives, dit-il. En plus des solutions mécanistes traditionnelles issues de la science et de l’économie, une formation générale en philosophie procure de la perspicacité par rapport aux stratégies d’affaires et à leur application. »

Tout le monde ne l’entend malheureusement pas ainsi. Certaines des compétences associées aux sciences humaines — dont l’esprit critique, la résolution créative de problèmes, la capacité de collaborer et la réaction positive au changement — sont souvent écartées par certains milieux des affaires et des médias comme étant des « compétences générales ». Examinons donc des chiffres concrets.

Selon un rapport de septembre 2011 préparé par Torben Drewes, professeur d’économie à la Trent University, en 2006 le taux d’emploi des diplômés en sciences humaines était de 95 pour cent. Environ les deux tiers de ces emplois se situaient dans des domaines professionnels ou consistaient en des postes de gestion ou de supervision.

Même si certains persistent à croire qu’un diplôme en sciences humaines n’est pas un investissement rentable, cette étude montre que c’en est bel et bien un.

M. Drewes a calculé le rendement des investissements liés aux diplômes en sciences humaines pour les comparer au rendement d’autres investissements. Il a découvert que le rendement des diplômes en sciences humaines est de 4,1 pour cent pour les hommes et de 10,5 pour cent pour les femmes, et que celui des diplômes en sciences sociales s’élève à 8,6 pour cent pour les hommes et à 12,2 pour cent pour les femmes. Peu importe l’angle sous lequel on analyse ces chiffres, il est clair que l’investissement lié à ces diplômes engendre un rendement impressionnant, et certainement meilleur que tout ce qu’on peut trouver à la bourse ces temps-ci.

En outre, les compétences acquises en sciences humaines préparent les diplômés à devenir de vrais citoyens du monde — exactement ce que le marché de l’emploi recherche aujourd’hui.

Des études montrent que 91 pour cent des employeurs considèrent que la compréhension d’autres cultures est un atout lors de l’embauche de nouveaux employés. La capacité de comprendre, de s’engager et de collaborer avec d’autres est l’un des principaux bénéfices d’un diplôme en sciences humaines.

Graham Carr, doyen de la faculté des études supérieures de l’Université Concordia et président de la Fédération canadienne des sciences humaines, en parle de manière éloquente. Comme il en va de la formation en science, en physique ou en génie, la formation en sciences humaines, précise-t-il, « procède d’une vaste démarche sur le plan intellectuel » qui donne aux diplômés la capacité d’interpréter l’information.

« Que l’on soit en présence d’étudiants plongés dans l’étude des tribunaux médiévaux ou fascinés par les conséquences de la rénovation urbaine sur les sans-abri, il est essentiel de stimuler l’esprit critique ainsi que l’ouverture et la souplesse d’esprit des étudiants pour répondre aux besoins du marché du travail et de la société », soutient M. Carr.

Les sciences humaines ont toujours constitué une manière sûre d’ouvrir l’esprit à de plus vastes horizons. C’est la raison pour laquelle elles sont depuis fort longtemps le domaine de ceux qui souhaitent explorer leurs passions intellectuelles. Il n’est donc pas étonnant que le savoir-faire des diplômés de cette discipline en fasse des candidats idéaux pour notre économie mondiale du savoir.

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(Original : http://www.aucc.ca/fr/media-room/news-and-commentary/place-aux-sciences-humaines-dans-leconomie-mondiale-du-savoir/ )

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