Exemples de philophobie
Tu as déjà été témoin de propos philophobes? Qu’ils aient été émis dans un esprit sérieux ou humoristique, en personne ou sur Internet, tu peux les partager dans la section « commentaires » en bas de cette page!
(Si vous nous donnez la permission de publier votre commentaire ou une partie de votre commentaire sur la page Facebook de la campagne, terminez votre texte avec un *)
Propos philophobes
Souvent, lorsque l’on suit l’actualité sur Internet, les commentaires en-dessous des articles en disent plus long sur l’opinion publique que les articles eux-mêmes. Voici quelques exemples de commentaires philophobes trouvés sur le Web :
(Nous avons conservé les commentaires tels qu’ils ont été affichés, incluant les fautes. Les opinions sont bien sûr celles des internautes et non pas celles des organisations auquelles appartient le site Web)
« Pour ceux qui se demandent pourquoi il y en a autant en philosophie, ca prends du monde pour laver la vaiselle dans les restos. » (Radio-Canada)
« La socio, en philo, l’antropo, les sciences politiques ne donnent pas du travail » (Blogue du Journal de Montréal)
« La solution est pourtant simple. Contingenter les programmes qui mènent au chômage et autres sciences molles qui nous pondent des lologues à la pelletée. » (Blogue du Journal de Montréal)
« Malheureusement oui, on est bon au québec pour payer les affaires des autres lol ca m’écoeure a l’idée de payer 10 ans d’université à un pelleteux de nuages qui va changer 4 fois de programme d’étude pis finir sur le B.S. » (République de bananes)
« J’ai toujours vu les sciences sociales comme étant des études pour la paresse intellectuelle et les pelleteux de nuages. Ce sont des sciences qui n’ont pas à se confronter à la réalité. » (Blogue du Journal de Montréal, 2012)
« C’est vrai que la sociologie c’est Yooooo CooooooL-facile!, les artistes s’amusent!, les philosophes, inutiles… Y font la grève, pas parce qu’ils la croient nécessaire, nan nan!!! Ben nan! La grève fait passer le temps!!! Faut avoir manquer d’air à sa naissance pour penser de même, médecin pas médecin.
C’est pas les sociologues ni les philosophes qui vont rouler en Pathfinder plus tard, ni qui vont farcir l’Économie. » (Ygreck, 2012)
Parfois, des propos philophobes se retrouvent aussi directement dans des articles. Prenons l’exemple du chroniqueur Jean-Jacques Samson, qui oppose les « étudiants en anthropologie, sociologie, sciences politiques, philosophie, histoire, littérature et langues, arts visuels, théâtre » aux étudiants « en médecine, pharmacie, sciences dentaires, droit, sciences et génie, administration » pour ensuite affirmer que ceux de la deuxième catégorie ont « plus de chances de devenir, aux frais de la société, chauffeur de taxi, critique social à la Rogatien dans Taxi-22, ou serveur dans un bistrot branché du Plateau »
(Article original : http://www.journaldequebec.com/2013/02/15/les-parasites-de-lasse )
Vous avez déjà étudié en philosophie et entendu des commentaires semblables? Partagez vos anecdotes! Vous n’avez jamais étudié en philosophie, mais vous avez déjà observé des propos qui vont dans le même sens? Inscrivez les!
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(NÉTIQUETTE : Les commentaires publiés sur cette page Web se doivent d’être respectueux et bien écrits. Tout commentaire comportant des propos méprisants ou une quantité trop élevée de fautes pourra être retiré)



L’autre jour, j’ai été témoin de pure philophobie.
Une amie me demande si je connais quelqu’un qui pourrait l’aider en communication et en rédaction de texte. Je pense tout de suite a mon ami Mathieu qui, ayant une baccalauréat en philo ainsi qu’un certificat en communication publique, semble répondre parfaitement à la demande. Alors je lui dit «AH OUI! Je connais quelqu’un qui pourrait faire ton bonheur». Son visage a tout de suit changé lorsque j’ai prononcé les mots «baccalauréat en philosophie»… C’était presque marqué «PHILOPHOBIE» sur son front ! Un bon exemple de préjugés inutiles contre des études dans ce domaine !
De Monsieur Pierre Lefebvre :
« Ne comptez pas sur les philosophes pour faire ça M. Croteau [contribuer aux différents débats actuels pour les dénouer], tout ce que j’ai lu, écrit par eux, est complètement vaporeux et déconnecté de la réalité. Que de la brume venue de la «cité mythique» ! » (Repéré par un de mes collègues lui aussi prof de philosophie dans un commentaire à l’article dans le Devoir à propos de cette initiative contre la philophobie)
On m’a déjà raconté la blague : « Les pelleteux de nuage ne seront pas capable de faire le travail que tu leur demandes… Mais au moins ils vont pouvoir te dire POURQUOI ils ne le font pas ». J’avoue que je l’ai rit à ce moment, bien que cette blague soit philophobe. Pourtant, j’avoue la rire encore… Pourquoi? Tout simplement parce que, vu du second degré, je préfère encore savoir pourquoi je ferais quelque chose, plutôt que de faire ce qu’il m’est dit de faire sans me poser de questions. Ce sont la philosophie et les sciences sociales qui forgent l’esprit critique et nous apprennent à penser par nous même. Il serait dommage de l’oublier.
Il n’y a pas que la philophobie… il y a aussi la sociophobie, anthropophobie, etc. Les commentaires que vous avez cités plus haut dénotent la binarité simpliste de ces esprits peu éduqués. Qu’est-ce que l’éducation au fond? Est-ce que c’est la formation à un métier ou est-ce que c’est apprendre à penser? Est-ce qu’on peut considérer qu’un détenteur de bac en admin est ÉDUQUÉ? C’est une question légitime à se poser.
Personnellement je suis étudiante en anthropologie, et je suis presque gênée de le dire, connaissant la réaction inévitable que cela suscitera chez mon interlocuteur…
-Ah oui, mais avec ça… tu dois pas avoir beaucoup de débouché?
-Tu étudies/embaumes les morts?
– Ça travaille dans quoi ça, un anthropologue? A part être prof d’anthropologie la… Ah, ah, ah…
– Ça fait quoi ça, un anthropologue? Moi je pense qu’on a pu vraiment besoin de ça de nos jours là, on les connait pas mal toutes les races.
ET AUTRES COMMENTAIRES IGNORANTS ……….
Alors non ce n’est pas une PHILOPHOBIE… c’est une phobie de la PENSÉE. On aime pas ça le monde qui pense, ça nous rend ben inconfortable. *
Vous avez bien raison Stéphanie! D’ailleurs, le rapprochement que vous faites est mentionné dans la section « Qu’est-ce que la philophobie? », ainsi que dans un article de la section « À la défense de la philosophie! ».
En réalité, le phénomène que nous soulignons se produit dans la plupart des domaines d’études qui ne s’inscrivent pas dans une logique « études-métiers » prédéterminée, par exemple médecine – médecin, architecture – architecte, droit – avocat, génie – ingénieur, etc.
Difficile d’affirmer avec certitude qu’il s’agit systématiquement d’une peur de « la pensée » : cela doit dépendre des cas. Cependant, il s’agit certainement d’une incompréhension de la pertinence d’étudier un domaine du savoir dans une intention autre que de pratiquer un métier précis. Et là dedans, comme vous dîtes, la philosophie n’est certainement pas seule : elle est accompagnée de plusieurs autres matières comme l’histoire, la musique, la littérature, la linguistique et, bien sûr, l’anthropologie!
Et même que je dirais que les mathématiques pures (et, dans une moindre mesure, la physique, quoique, lorsque je dis à quiconque que j’étudie en physique, je me fais demander si je désire travailler dans la R&D si chère aux sciences de la nature) sont aussi un peu victimes des mêmes problèmes que les sciences humaines à cet effet-là. Eux aussi ils invoquent l’apprentissage à la pensée. Je connais un peu l’univers des étudiants en mathématiques pures pour avoir complété avec succès un bac bidisciplinaire physique-mathématiques.
Alors je dirais que les disciplines fondamentales (la philosophie, l’anthropologie en font certainement partie à mes yeux), qui visent à développer des concepts et la pensée derrière ces mêmes concepts, sont toutes un peu victimes des mêmes problèmes, mais pas au même degré. Peut-être que j’ai tort, mais, défendre la philosophie revient (à mes yeux du moins) à défendre les disciplines fondamentales, ainsi que la recherche et les connaissances fondamentales. Ces disciplines fondamentales méritent, dans l’ensemble, plus de respect de la part du reste de la société…
Je me considère Anthropologue, titre que j’assume et tente de protéger malgré, à l’instar de Stéphanie, les nombreuses questions au dévoilement de « ce que je fais dans la vie ». Je me suis trouvé une « job » , où je tente de faire transparaître ma posture académique dans mon groupe de travail hétérogène. Je suis dans la réalité, quelle qu’elle soit et quelle que soit la définition qu’on lui donne. Je me considère utile à la société, et à l’économie… même si je passe parfois plusieurs heures à faire des dessins pour m’assurer d’avoir bien compris une théorie. Mon passage à l’université ne m’a pas formé à un métier, mais à penser. Je suis anthropologue : bonne à rien, mais apte à tout.
Quelqu’un a voulu m’insulter en me disant que c’était clair que j’avais un BAC en sciences politiques à l’UQAM. Perso, j’aimerais bien avoir un BAC en sciences politiques à l’UQAM, mais la personne le disait comme insulte.
En cours, un prof de Philo nous a parlé de ses anecdotes justement et la conclusion qu’il en a sorti m’était fort bien sensée. Il expliquait qu’à chaque fois qu’il disait à un membre de sa famille ou à un ami qu’il étudiait en Philosophie, ceux-ci tentait toujours de le convaincre d’étudier dans d’autres choses en le prenant en pitié littéralement. Les gens croyait qu’ils allaient lui rendre une vie meilleure et le « sauvé » s’il adhérait à leur propos. Ce qu’il nous expliquait par la suite, c’est que premièrement, nul n’avait besoin de lui dire quoi faire et choisir qu’est-ce qu’il allait être bien pour lui, et que s’ils agissaient ainsi, c’était surtout ,quant à lui, un mouvement social qui se dirige vers l’économie tout puissante. Si l’autre (Philosophe par exemple) n’adhérait pas au système, et bien ça mettait celui qui fait rouler l’économie (Philophobe) en danger parce que c’est ce qui lui permet de vivre.
Pour en venir au fait que je crois que cette peur est plutôt axée sur la survie de soi dans un système économique comme celui qu’on connait. Les gens ont tendances à tout prendre pour absolue malheureusement et critique ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez…
Mes études en philosophie m’ont énormément apportées D’ailleurs, j’ai une dette d’études et pas de diplôme pour le prouver. L’exercice de rigueur demandé et déployer en classe est rapidement subsumé par celui du cadre économique qui s’impose pour réussir toutes études supérieures. C’est Einstein qui disait que les solutions à un problème ne pouvaient se trouver à partir du même plan de pensées, de la même contré… Eh bien je crois que c’est essentiellement là que le bas blesse. Les gens admis dans les domaines intéressants pour l’industrie trouvent des réactions, des places et des cadres de travail plus rapidement que ceux en philosophie ne se trouvent un espace et un temps pour agir… Pas étonnant que les uns se questionnent sur les autres… Pourquoi ? La question semble pertinente… Sa réponse toute inscrite, toute projetée… C’est Sophocle qui disait que justement la pertinence est ce que nous reprochons aux impertinents… et Heidegger plusieurs siècles plus tard : » …(la) réponse que l’on n’obtiendra jamais. La recherche est la réponse. De ce fait philosopher équivaut à vivre… » Ce sont dont deux visions de la modernité qui s’entrechoquent dans une contré qui se transforme à coup d’écueils économiques. Les uns en sont conscient, les autres y sont inscrit… C’est tout, c’est une question à laquelle on répond par un modèle applicable ou par une réflexion inclusive. Les uns ont le coup de soleil d’un scintillement d’une vérité passagère les autres la noirceur d’un chandelle vacillante… Souvent donc les préjugés reliés à la philosophie tiennent de contraintes économiques qui ne reflètent plus un temps écho nomiques C’est de l’importance de ces choses de ces différences que l’on mesure le poids d’un argument que l’on amplifie l’impact d’un écho…
Thanks for coniitbutrng. It’s helped me understand the issues.
Je suis ingénieur de formation et ai été éduqué du côté des « sciences dures » par souci d’avoir une bonne job plus tard. Des années à étudier avant d’en passer d’autres à travailler dans un milieu où tout doit être optimal, pragmatique, utile au point où c’en est étouffant. J’ai toujours été passionné par la philosophie et je trouve ça fascinant de voir le côté péjoratif qui vient avec le simple fait de le mentionner. On m’a pris pour un extra-terrestre au baccalauréat quand j’ai pris un cours à option sur Kant et encore plus aujourd’hui alors que je continue à en lire à temps perdu. On dirait qu’il existe au Québec une culture de haine des intellectuels, de la pensée, de la culture. J’ai l’impression que tout se passe vite avec la vie moderne, que les gens sont sur le pilote automatique et ne veulent pas prendre le temps de penser. Voir d’autres gens le faire les culpabilise peut-être ou les rend au moins mal à l’aise et ils se confortent à mépriser ceux qui sortent du cadre. Il suffit d’avoir l’air d’en savoir un peu plus que la moyenne trop souvent pour être étiqueté « étrange ».